SUPPLÉMENT "Les Inrockuptibles" - mai 2009

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"Programme Théâtre du Fil de l'Eau" - rédigé par Patrick Sourd, les Inrockuptibles

Fragments de vie par la Cie TêTe de Pioche, conception Christine Saint-André du 13 au 17 mai. Quelques vieux outils transformés en personnages et des empilements de caisses de bois désignés comme leurs usines secrètes pour un très intrigant spectacle présenté sous la forme d'un parcours qui se décline en neuf installations. Christine Saint-André invente une petit monde au féminin qui trouve son industrieuse sagesse dans une mise en accord alchimique des cinq éléments. Deux laborantines manipulent à vue chaudrons et alambics pour donner vie à une utopie paysanne où les sorcières sont des reines.

Théâtrorama

Le panorama du spectacle bien vivant

"Théâtre de poche" - Magalie Fabre dans Marionnettes le 27 mai 2009

Christine Saint-André, plasticienne autodidacte, explore le détournement d’objets et leur mise en scène. En 2008, cherchant à donner vie à ses personnages, elle fonde sa compagnie tête de pioche.

Les personnages de Christine Saint-André parlent de leur passé agricole, comme si la matière, à la lumière du théâtre, libérait la mémoire tapie en leur cœur.

Le public est invité à une déambulation libre conduisant à une antichambre. Là, il est accueilli par deux assistantes vêtues de fichus blancs, tenues d’un autre temps. Il est guidé ensuite dans une pièce ou l’exposition se fera spectacle. Le monde mystérieux entoure le public assis au centre… La lumière et le son attire l’attention, chaque scène comme un fragment de vie.

La matière est convoquée

Une cinquantaine de personnages se racontent en neuf tableaux, reliés par le cercle des cinq éléments vitaux : le métal, le bois, l’eau ; le feu, la terre », une certaine vision du monde Touchant à notre mémoire collective, les outils, têtes de pioche, poignées, morceaux de bois dont sont fait les marionnettes ne sont pas bavards de mots. L’univers sonore et les bruits créés par les deux manipulatrices Jo Smith et Mathilde Henry accompagnent le spectateur. Tels les petits êtres d’une planète étrange, ils s’attellent à leur tâche, portant les sacs de grain et travaillant la terre, le feu, ou l’eau, puis encore une autre matière, grise cette fois-ci avec l’école de « têtes de pioches ». Les manipulatrices, participent à l’atmosphère, étant assez présentes dans leur tenue évoquant Les glaneuses de Jean-François Millet, et qui rappelle la vie quotidienne des campagnes d’antan.

Entre installation et spectacle vivant, ce cabinet de curiosités et ses petites formes cinétiques démontrent la force narrative d’un objet dont la matière se fait parole En l’absence de mot, le spectateur est libre de vagabonder et de projeter son histoire. Le dispositif scénique, le choix musical et les personnages participent d’une poésie très présente à l’esprit même si la parole pourrait venir à manquer.

Le FIGARO.fr

"Quand la marionnette parle aux adultes" - Valérie Sasportas le 15/05/2009

Mêlé au théâtre d'objets, à la musique, à la mécanique ou encore au cinéma, le discours de la marionnette et de son manipulateur est loin du spectacle pour enfant. En témoigne la 5e biennale des arts de la marionnette en Ile-de-France, présentée par le Théâtre de la marionnette à Paris (1), jusqu'au 24 mai.
Ceci n'est pas pour les enfants. Mais quel régal pour les adultes ! Cupidon propriétaire, nouvelle Sculptur'Opéra de Gilbert Peyre, un des temps forts de cette 5ème biennale internationale de la marionnette (BIAM), présente une allégorie surréaliste sur l'Amour (2). Un mélange d'arts plastiques, de technologie et d'opéra, où la soprano Lydie Morale entonne des textes polissons d'Yves Garnier, sur une partition juxtaposant sons mécaniques, chants mystiques, lyrisme pianistique et composition contemporaine de Gérard Pesson ……

Autre spectacle du festival tordant le cou aux idées reçues infantilisés sur les arts de la marionnette : Fragments de vie de la compagnie Tête de Pioche (3).
C'est un cabinet de curiosités. Du théâtre d'objets détournés avec une cinquantaine de petites formes cinétiques à tête d'argile blanche, mis en scène tout autour d'un cirque au centre duquel le public a pris place, assis en tailleur.
Sur fond de musique cosmique, têtes de pelle, pioche et binette s'animent autour de cinq éléments, « métal-bois-eau-feu-terre », manipulées par deux énigmatiques « chirurgiennes » en mitaines blanches. Impression d'avoir pénétré un monde lilliputien dans un sous-sol à peine éclairé à la bougie. Pendant dix ans, Christine Saint-André, ancienne directrice artistique du festival de Mirepoix (Ariège) et plasticienne autodidacte, a glané de vieux outils agricoles abandonnés, sans manche, pour leur donner cette seconde vie. Trente minutes d'une utopie paysanne aimantant toute la charge poétique du métal.

LES TROIS COUPS.com

"5ème Biennale Internationale des Arts de la Marionnette à Paris
et en région parisienne"

reportage de Léna Martinelli - le 12 mai 2009

Présents depuis des siècles dans de nombreux pays, les arts de la marionnette sont profondément ancrés dans la tradition et l’histoire. Ils s’inscrivent cependant dans un renouveau permanent aux prises avec l’actualité. Cette année encore, la BIAM 2009 en témoigne. En accueillant de nombreux artistes européens, elle illustre l’état de la création actuelle. Des Finlandais, des Russes, des Polonais, des Allemands, des Belges côtoient des Français, comme la Compagnie A, La Nef, Tête de pioche. Dans plusieurs lieux à Pantin, Noisy-le-Sec, Saint-Denis, Argenteuil et la Roche-Guyon, théâtre de papier et théâtre d’objet s’exhibent auprès de marionnettes à fils. Plasticiens, vidéastes, clowns et danseurs se glissent auprès des marionnettistes pour faire rêver enfants et adultes. Parce qu’il décale le regard du public, le théâtre de marionnettes, quelles que soient les formes qu’il endosse, est effectivement doté d’une forte puissance d’imagination, qui atteint son point d’excellence dans son alliance aux formes artistiques les plus diverses et les plus élaborées.

Avec cette expression majeure de la métamorphose et de l’illusion, l’œil et l’oreille se tiennent toujours en éveil. Dans Fragments de vie, cabinet de curiosités avec présentation de petites formes cinétiques, une trentaine de spectateurs est guidée dans un dispositif scénique insolite, tandis que dans la Flûte enchantée : un examen, marionnettistes, musiciens et contre-ténor évoluent dans un feu d’artifice de transformations et de manipulations retransmis sur grand écran. De l’infiniment petit au grandiose, ces artistes posent un regard singulier sur le monde. Dans ce terreau de découvertes et d’émerveillement, la BIAM puise cette année quelques pépites qui posent la question de la relation entre la marionnette et la musique. Le champ d’exploration est des plus vastes, de l’adaptation libre de l’Ensemble Kontraste aux vibrations très actuelles de Charlotte Wilde dans Spleen, en passant par les furieuses improvisations des Russes de Akhe Theatre.
Quelles soient visuelles ou musicales, avec ou sans paroles, au service ou pas d’un texte, ces propositions méritent donc le déplacement, car elles changent notre perception de l’objet et du vivant, du corps et du mouvement, de l’espace et du monde. Quelle richesse !...

crédit photos : Philippe Mangen, Charleville Mezières

Revue de presse - Théâtre de la Marionnette de Paris

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